DENYS René. Pseudonyme dans la Résistance : « Max »
René Denys vit dans une modeste petite maison de la rue des Postes (une plaque en commémore l’emplacement) et connait très jeune, avec son père, une vie militante. Dès seize ans, il devient militant actif des Jeunesses communistes où il connait notamment Jean-Marie Rippert, tué sur le front en mai 1940, Paul Casteur*, futur dirigeant abattu le 10 juillet 1944 et Jules Boussingault* du Valenciennois, massacré en camp de concentration.
Dès le début de la guerre, il entre en contact avec Martha Desrumeaux* pour la parution légale de L’Enchaîné et assiste en 1940 à une entrevue qui décide l’organisation de groupes de sabotage contre l’armée d’occupation.
René Denys se voit confier la mission de former des groupes de résistance dans le département du Nord avec des militants de la Jeunesse communiste.
Il prit alors le pseudonyme de « Max » et entreprent la récupération d’armes : quatre caisses de grenades sont ainsi récupérées au fort d’Englos, dans la banlieue lilloise. Avec notamment Roger Miellet* et Gilberte Renard – qui en porte témoignage -, il retrouve même et cache un stock d’armes jeté dans la Deûle, à proximité du port de Lille, par des soldats français.
Il participe ensuite activement à la lutte armée et quatre jours après que fût fusillé à la citadelle d’Arras Albert Bekaert (vingt- deux ans, responsable de la JC du Pas-de-Calais),
René Denys se charge de la riposte avec Eusebio Ferrari* et Gilberte Renard, jeune militante de l’Union des jeunes filles de France, en attaquant le 25 août 1941, rue de Paris à Lille, le café de l’Oasis réservé aux officiers allemands ; deux officiers sont tués mais les trois jeunes peuvent s’enfuir.
Début septembre, René Denys et Gilberte Renard jettent deux grenades à travers la vitrine du siège de la Propagandastaffel, rue des Ponts-de-Comines à Lille. Recherché dans la région lilloise, René Denys se rend dans le Valenciennois où il participe à de nombreux sabotages de lignes de chemin de fer, pylones électriques, et à l’écluse de Warlaing. Après l’arrestation de Félicien Joly à Escaudain, Ferrari confie à René Denys la responsabilité de reconstituer des groupes armés dans le secteur de Denain-Escaudain. Le sabotage de l’usine Disticoke de Lourches, le soir du 14 octobre 1941, entraîne la mort de trois résistants victimes de l’explosion prématurée du matériel : deux jeunes polonais sont mortellement blessés et Charles Robiquet, devenu aveugle, est fusillé. René Denys, blessé plus légèrement, est sauvé et recueilli par un ouvrier de l’usine.
Activement recherché, René Denys n’en continue pas moins la lutte ; dans la nuit du 15 au 16
octobre avec Eusebio Ferrari et Tadeusz Cichy* (dit Jean Pawlowski), il dynamite près d’Annapes un pylône d’une ligne à haute tension alimentant les usines de la banlieue de Lille. C’est leur amitié pour Félicien Joly, fusillé le 15 novembre 1941, qui les attire dans le guet-apens tendu par le commissaire Rigal, chef de la brigade spéciale chargée de la répression des « menées terroristes » : tandis que le dénonciateur de leur ami se montre ostensiblement dans la région de Bruay-sur-Escaut-Anzin, des forces importantes de police sont concentrées à Valenciennes. Partis à bicyclette de Lille le 14 février, Denys et Pawlowski tentent le 15 de protéger Ferrari en difficulté à Bruay mais ils sont victimes d’une terrible chasse à l’homme qui les font tomber le 16 février 1942 sous les balles de la police de Vichy.
Depuis huit mois, les trois jeunes partisans combattent ensemble. Le 19 février 1942, le journal L’Écho du Nord titrait : « Force reste à la loi ; Ferrari, l’audacieux bandit est abattu d’une balle dans la tête. Deux de ses complices descendent à coups de mousquetons. » Le Réveil du Nord qualifiait René Denys de « redoutable malfaiteur […] signalé comme un dangereux agitateur communiste ».
En 1946, est promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, René Denys « Jeune Français animé des plus beaux sentiments patriotiques. Dès 1940 se jette dans la lutte contre l’envahisseur […]. Est tombé glorieusement en combattant le 16 février 1942, face à un ennemi très supérieur en nombre, après avoir donné la preuve de son abnégation totale. »
SOURCES : Arch. dép. Nord 1 w 1345 ; 1 w 1810. Décret portant promotions et nominations dans la Légion d’honneur. Fait à Paris le 5 août 1946 (vu pour copie certifiée conforme à l’original présenté).
Attestation écrite en 1955 par Martha Desrumeaux, croix de guerre avec palme, médaille de la Résistance, homologué au grade de lieutenant à la date du 1er août 1941 par la commission nationale F/FCI en date du 21 février 1947, n° 16 569. L’Écho du Nord et Le Réveil du Nord du 19 février 1942. Jacques Estager, Ami, entends-tu, La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1986. Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de- Calais, Zone interdite. Mai 1940-mai 1945, Éditions sociales, 1977.
https://maitron.fr/spip.php?article22301, notice DENYS René. Pseudonyme dans la Résistance : « Max » par Yvette Fabre-Anselin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 octobre 2020.
DENYS René. Pseudonyme dans la Résistance : « Max »
René Denys vit dans une modeste petite maison de la rue des Postes (une plaque en commémore l’emplacement) et connait très jeune, avec son père, une vie militante. Dès seize ans, il devient militant actif des Jeunesses communistes où il connait notamment Jean-Marie Rippert, tué sur le front en mai 1940, Paul Casteur*, futur dirigeant abattu le 10 juillet 1944 et Jules Boussingault* du Valenciennois, massacré en camp de concentration.
Dès le début de la guerre, il entre en contact avec Martha Desrumeaux* pour la parution légale de L’Enchaîné et assiste en 1940 à une entrevue qui décide l’organisation de groupes de sabotage contre l’armée d’occupation.
René Denys se voit confier la mission de former des groupes de résistance dans le département du Nord avec des militants de la Jeunesse communiste.
Il prit alors le pseudonyme de « Max » et entreprent la récupération d’armes : quatre caisses de grenades sont ainsi récupérées au fort d’Englos, dans la banlieue lilloise. Avec notamment Roger Miellet* et Gilberte Renard – qui en porte témoignage -, il retrouve même et cache un stock d’armes jeté dans la Deûle, à proximité du port de Lille, par des soldats français.
Il participe ensuite activement à la lutte armée et quatre jours après que fût fusillé à la citadelle d’Arras Albert Bekaert (vingt- deux ans, responsable de la JC du Pas-de-Calais),
René Denys se charge de la riposte avec Eusebio Ferrari* et Gilberte Renard, jeune militante de l’Union des jeunes filles de France, en attaquant le 25 août 1941, rue de Paris à Lille, le café de l’Oasis réservé aux officiers allemands ; deux officiers sont tués mais les trois jeunes peuvent s’enfuir.
Début septembre, René Denys et Gilberte Renard jettent deux grenades à travers la vitrine du siège de la Propagandastaffel, rue des Ponts-de-Comines à Lille. Recherché dans la région lilloise, René Denys se rend dans le Valenciennois où il participe à de nombreux sabotages de lignes de chemin de fer, pylones électriques, et à l’écluse de Warlaing. Après l’arrestation de Félicien Joly à Escaudain, Ferrari confie à René Denys la responsabilité de reconstituer des groupes armés dans le secteur de Denain-Escaudain. Le sabotage de l’usine Disticoke de Lourches, le soir du 14 octobre 1941, entraîne la mort de trois résistants victimes de l’explosion prématurée du matériel : deux jeunes polonais sont mortellement blessés et Charles Robiquet, devenu aveugle, est fusillé. René Denys, blessé plus légèrement, est sauvé et recueilli par un ouvrier de l’usine.
Activement recherché, René Denys n’en continue pas moins la lutte ; dans la nuit du 15 au 16
octobre avec Eusebio Ferrari et Tadeusz Cichy* (dit Jean Pawlowski), il dynamite près d’Annapes un pylône d’une ligne à haute tension alimentant les usines de la banlieue de Lille. C’est leur amitié pour Félicien Joly, fusillé le 15 novembre 1941, qui les attire dans le guet-apens tendu par le commissaire Rigal, chef de la brigade spéciale chargée de la répression des « menées terroristes » : tandis que le dénonciateur de leur ami se montre ostensiblement dans la région de Bruay-sur-Escaut-Anzin, des forces importantes de police sont concentrées à Valenciennes. Partis à bicyclette de Lille le 14 février, Denys et Pawlowski tentent le 15 de protéger Ferrari en difficulté à Bruay mais ils sont victimes d’une terrible chasse à l’homme qui les font tomber le 16 février 1942 sous les balles de la police de Vichy.
Depuis huit mois, les trois jeunes partisans combattent ensemble. Le 19 février 1942, le journal L’Écho du Nord titrait : « Force reste à la loi ; Ferrari, l’audacieux bandit est abattu d’une balle dans la tête. Deux de ses complices descendent à coups de mousquetons. » Le Réveil du Nord qualifiait René Denys de « redoutable malfaiteur […] signalé comme un dangereux agitateur communiste ».
En 1946, est promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, René Denys « Jeune Français animé des plus beaux sentiments patriotiques. Dès 1940 se jette dans la lutte contre l’envahisseur […]. Est tombé glorieusement en combattant le 16 février 1942, face à un ennemi très supérieur en nombre, après avoir donné la preuve de son abnégation totale. »
SOURCES : Arch. dép. Nord 1 w 1345 ; 1 w 1810. Décret portant promotions et nominations dans la Légion d’honneur. Fait à Paris le 5 août 1946 (vu pour copie certifiée conforme à l’original présenté).
Attestation écrite en 1955 par Martha Desrumeaux, croix de guerre avec palme, médaille de la Résistance, homologué au grade de lieutenant à la date du 1er août 1941 par la commission nationale F/FCI en date du 21 février 1947, n° 16 569. L’Écho du Nord et Le Réveil du Nord du 19 février 1942. Jacques Estager, Ami, entends-tu, La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Paris, Messidor/Éditions sociales, 1986. Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de- Calais, Zone interdite. Mai 1940-mai 1945, Éditions sociales, 1977.
https://maitron.fr/spip.php?article22301, notice DENYS René. Pseudonyme dans la Résistance : « Max » par Yvette Fabre-Anselin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 octobre 2020.
