Tadeusz Cichy

 

 

CICHY Tadeusz. Pseudonymes dans la Résistance : « Armand », puis PAWLOWSKI Jean


La famille Cichy est originaire de Pologne. Le père, Stanislas, arrive en France au début de 1923 et s’embauche aux mines d’Ostricourt (Pas-de-Calais).
En juin, le reste de la famille le rejoint : sa femme, Louise, sa fille aînée, Stanislawa, ses deux fils, Tadeus, l’aîné, et le cadet, Joseph. En 1927, le père vient travailler à la fosse Saint-Pierre de Thivencelle (Nord), localité où la famille vient résider.
À quatorze ans, Tadeusz Cichy quitte l’école primaire de Thivencelle et s’embauche lui aussi à la fosse Saint-Pierre mais continue à fréquenter le cours d’adultes à Thivencelle. En 1936, Émile Mennecart*, secrétaire de la cellule communiste de Condé-sur-l’Escaut, enregistre l’adhésion du jeune mineur aux Jeunesses communistes de Condé.
En 1938, Tadeusz Cichy participe au congrès des Jeunesses communistes à Denain et noue des contacts avec les militants de la Jeunesse du Valenciennois et du Douaisis qu’il retrouve deux ans plus tard.

Lors de la grève de novembre 1938, Tadeusz Cichy est arrêté ainsi que son père. Alors que le fils est relâché le jour même, le père est expulsé en janvier 1939. Louise Cichy, avec sa sœur Geneviève et son frère Levin, va rejoindre son mari en avril 1939. Tadeusz Cichy demeure donc à Thivencelle avec sa sœur aînée, Stanislawa, et son frère cadet, Joseph. Après le départ de ses parents, il quitte la mine pour travailler dans la métallurgie à Vieux-Condé et à Somain.
En 1940, les trois frères et sœur évacuent à Saint-Omer ; c’est lors de cet exode que Tadeusz Cichy est blessé par des éclats d’obus. Dès le début de l’Occupation, juillet 1941, il reprend contact avec les militants des Jeunesses communistes connus avant-guerre, Eusebio Ferrari, René Denys, Sandor Serediak* et quelques autres et participe aux actions de l’organisation secrète et de sa branche MOI.

Clandestin dès août 1941, il troque rapidement son pseudonyme d’Armand (lequel passa à Belloci) pour celui de Jean Pawlowski.
Sa « vraie » fausse carte d’identité correspondait en effet à celle d’un Polonais de Lambres-lez-Douai qui est mort, ce que tout le monde ignore, même la police. Dès avant septembre 1941, de petits sabotages sont accomplis au fond de la fosse Saint-Pierre par son frère Joseph qui y est mineur et par trois autres jeunes mineurs polonais : fermeture de vannes d’air comprimé, cisaillement de tuyaux alimentant les marteaux-piqueurs ; des grenades sont récupérées et entreposées à Bruay-Thiers. En septembre, Tadeusz Cichy participe à un vol de dynamite au fond de la fosse Saint-Pierre, à des sabotages de câbles. Ainsi, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1941 : dynamitage près d’Annabes avec Eusebio Ferrari et René Denys d’un pylone d’une ligne à haute tension alimentant les usines de la banlieue est de Lille.
Le dimanche 16 novembre avec Eusebio Ferrari, Silvano Lunazzi et Paul Frohlich, il fait sauter les câbles électriques alimentant l’usine Cail à Denain, etc. Le samedi 29 novembre 1941 Tadeusz Cichy- Pawlowski abat avec René Denys le maire de Fenain que la résistance accuse d’avoir livré des otages aux Allemands. Envoyé entre-temps dans le bassin de la Sambre, il est le 31 décembre 1941 de l’audacieux coup de main au cours duquel il s’empare avec Eusebio Ferrari, Belloci et René Denys, d’une peugeot stationnée devant la Kommandantur de Valenciennes : de ce véhicule est diffusée l’Internationale le 3 janvier 1942 dans les rues de Fenain.

En février 1942 commence sa traque et celle de ses compagnons, René Denys dit « Max » et Eusebio Ferrari (« Fernand »). Caché chez Sophie Nits-Serediak* les 15 et 16 février, il est pris au piège avec René Denys lors de la fouille systématique par les 400 hommes du commissaire spécial Rigal, appuyé par les forces allemandes, des corons de Bruay-sur-l’Escaut-Thiers et d’Anzin, particulièrement chez les personnes soupçonnées de sympathie à l’égard des résistants. Le 16, Denys et Pawlowski, cernés au café Mako à Thiers, tuent l’inspecteur Watremez. Tous deux sont abattus peu après les armes à la main. Tadeusz Cichy a un peu plus de vingt ans.

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. Arch. section spéciale de Douai.
André Pierrart et Michel Rousseau, Eusebio Ferrari à l’aube de la résistance armée, Syros, 1980. Jean- Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, zone Interdite. Mai 1940-Mai 1945, Éditions sociales, 1977. Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais,
Messidor-Éditions sociales, 1986.

https://maitron.fr/spip.php?article20014, notice CICHY Tadeusz. Pseudonymes dans la Résistance : « Armand », puis PAWLOWSKI Jean par Odette Hardy-Hémery, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 septembre 2020.

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CICHY Tadeusz. Pseudonymes dans la Résistance : « Armand », puis PAWLOWSKI Jean


La famille Cichy est originaire de Pologne. Le père, Stanislas, arrive en France au début de 1923 et s’embauche aux mines d’Ostricourt (Pas-de-Calais).
En juin, le reste de la famille le rejoint : sa femme, Louise, sa fille aînée, Stanislawa, ses deux fils, Tadeus, l’aîné, et le cadet, Joseph. En 1927, le père vient travailler à la fosse Saint-Pierre de Thivencelle (Nord), localité où la famille vient résider.
À quatorze ans, Tadeusz Cichy quitte l’école primaire de Thivencelle et s’embauche lui aussi à la fosse Saint-Pierre mais continue à fréquenter le cours d’adultes à Thivencelle. En 1936, Émile Mennecart*, secrétaire de la cellule communiste de Condé-sur-l’Escaut, enregistre l’adhésion du jeune mineur aux Jeunesses communistes de Condé.
En 1938, Tadeusz Cichy participe au congrès des Jeunesses communistes à Denain et noue des contacts avec les militants de la Jeunesse du Valenciennois et du Douaisis qu’il retrouve deux ans plus tard.

Lors de la grève de novembre 1938, Tadeusz Cichy est arrêté ainsi que son père. Alors que le fils est relâché le jour même, le père est expulsé en janvier 1939. Louise Cichy, avec sa sœur Geneviève et son frère Levin, va rejoindre son mari en avril 1939. Tadeusz Cichy demeure donc à Thivencelle avec sa sœur aînée, Stanislawa, et son frère cadet, Joseph. Après le départ de ses parents, il quitte la mine pour travailler dans la métallurgie à Vieux-Condé et à Somain.
En 1940, les trois frères et sœur évacuent à Saint-Omer ; c’est lors de cet exode que Tadeusz Cichy est blessé par des éclats d’obus. Dès le début de l’Occupation, juillet 1941, il reprend contact avec les militants des Jeunesses communistes connus avant-guerre, Eusebio Ferrari, René Denys, Sandor Serediak* et quelques autres et participe aux actions de l’organisation secrète et de sa branche MOI.

Clandestin dès août 1941, il troque rapidement son pseudonyme d’Armand (lequel passa à Belloci) pour celui de Jean Pawlowski.
Sa « vraie » fausse carte d’identité correspondait en effet à celle d’un Polonais de Lambres-lez-Douai qui est mort, ce que tout le monde ignore, même la police. Dès avant septembre 1941, de petits sabotages sont accomplis au fond de la fosse Saint-Pierre par son frère Joseph qui y est mineur et par trois autres jeunes mineurs polonais : fermeture de vannes d’air comprimé, cisaillement de tuyaux alimentant les marteaux-piqueurs ; des grenades sont récupérées et entreposées à Bruay-Thiers. En septembre, Tadeusz Cichy participe à un vol de dynamite au fond de la fosse Saint-Pierre, à des sabotages de câbles. Ainsi, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1941 : dynamitage près d’Annabes avec Eusebio Ferrari et René Denys d’un pylone d’une ligne à haute tension alimentant les usines de la banlieue est de Lille.
Le dimanche 16 novembre avec Eusebio Ferrari, Silvano Lunazzi et Paul Frohlich, il fait sauter les câbles électriques alimentant l’usine Cail à Denain, etc. Le samedi 29 novembre 1941 Tadeusz Cichy- Pawlowski abat avec René Denys le maire de Fenain que la résistance accuse d’avoir livré des otages aux Allemands. Envoyé entre-temps dans le bassin de la Sambre, il est le 31 décembre 1941 de l’audacieux coup de main au cours duquel il s’empare avec Eusebio Ferrari, Belloci et René Denys, d’une peugeot stationnée devant la Kommandantur de Valenciennes : de ce véhicule est diffusée l’Internationale le 3 janvier 1942 dans les rues de Fenain.

En février 1942 commence sa traque et celle de ses compagnons, René Denys dit « Max » et Eusebio Ferrari (« Fernand »). Caché chez Sophie Nits-Serediak* les 15 et 16 février, il est pris au piège avec René Denys lors de la fouille systématique par les 400 hommes du commissaire spécial Rigal, appuyé par les forces allemandes, des corons de Bruay-sur-l’Escaut-Thiers et d’Anzin, particulièrement chez les personnes soupçonnées de sympathie à l’égard des résistants. Le 16, Denys et Pawlowski, cernés au café Mako à Thiers, tuent l’inspecteur Watremez. Tous deux sont abattus peu après les armes à la main. Tadeusz Cichy a un peu plus de vingt ans.

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. Arch. section spéciale de Douai.
André Pierrart et Michel Rousseau, Eusebio Ferrari à l’aube de la résistance armée, Syros, 1980. Jean- Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, zone Interdite. Mai 1940-Mai 1945, Éditions sociales, 1977. Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais,
Messidor-Éditions sociales, 1986.

https://maitron.fr/spip.php?article20014, notice CICHY Tadeusz. Pseudonymes dans la Résistance : « Armand », puis PAWLOWSKI Jean par Odette Hardy-Hémery, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 29 septembre 2020.

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